Nutrition/Santé Mieux nourrir les animaux pour mieux nourrir les hommes
Le projet Agralid, porté par l’Inra, a pour objectif « d’identifier des filières de productions agricoles durables, capables de répondre au mieux aux recommandations nutritionnelles pour l’homme ». Il s’est penché sur l’apport d’aliments riches en acides gras essentiels dans la ration des animaux d’élevage, et l’enrichissement induit des produits — lait, viande et œufs.
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Les maladies telles l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires… explosent dans nos sociétés contemporaines. Or, elles sont liées à des déséquilibres dans les apports alimentaires : excès de sel, de sucres rapides, mauvais équilibre entre énergie et protéines ou entre acides gras oméga-6 et oméga-3…
Dans ce contexte, le projet Agralid (1) a démarré en janvier 2013, avec pour objectif « d’identifier des filières de productions agricoles durables, capables de répondre au mieux aux recommandations nutritionnelles pour l’homme, en modifiant le moins possible les habitudes alimentaires et en proposant des menus accessibles au plus grand nombre », a expliqué l’Inra, à l’occasion du séminaire de clôture de ce projet, le 8 novembre 2016.
Algues et graines de lin aux animaux
Durant trois ans, les chercheurs se sont penchés sur les modes d’élevage, en particulier les stratégies alimentaires permettant d’améliorer la qualité nutritionnelle des produits animaux : lait, viande, œufs. Pour cela, « ils ont testé sur des porcs, poulets, poules pondeuses et vaches laitières, l’utilisation de micro-algues riches en acide docosahéxaéonique (ou DHA), un acide gras jugé bon pour la santé humaine. Cet apport de DHA par les micro-algues s’est traduit par un fort dépôt dans la viande et les œufs. »
Les chercheurs ont également montré que « les apports en acides gras oméga-3 sont améliorés quand les animaux reçoivent une ration riche en cet oméga 3 (contenu dans l’herbe, la graine de lin extrudée, le tourteau de colza…), explique l’Inra. Ils ont aussi testé l’impact de nouvelles technologies industrielles (extrusion ou dépelliculage des graines de lin) sur la digestibilité des acides gras et leur efficacité alimentaire. Ils ont constaté que l’apport de graines de lin permet d’augmenter le dépôt d’acides gras oméga-3 par rapport à un régime standard (il est par exemple multiplié par cinq pour la côte de porc), et cet effet est amplifié avec les graines dépelliculées. »
Une démarche peu contraignante
Agralid s’est également penché sur le volet « élevage » pour voir comment les éleveurs se situent face à des offres de démarches agricoles intégrant des critères de nutrition, de santé humaine et d’environnement. Il en ressort que l’adhésion à une démarche nutrition-santé-environnement n’est pas contraignante sur le plan technique, du point de vue de la conduite d’élevage.
Enfin, le volet « consommateur » a également fait l’objet d’une expérimentation auprès de 300 consommateurs à qui ont été présentés différents types de menus (« santé » nutritionnellement optimisé, « végétarien » à faible impact carbone, « filière » basé sur l’identification de l’origine et du mode de production des produits, et « global » combinant une partie des 3 menus précédents). Résultat : le menu « végétarien » (mettant l’accent sur les seuls arguments environnementaux) est celui qui recueille le plus mauvais score. Cette étude confirme également la préférence marquée des Français pour les produits dont l’origine et le mode de production sont bien identifiés. Elle révèle aussi que les consommateurs sont prêts à payer plus cher (jusqu’à 10 %) en choisissant un menu « global » pour des raisons à la fois hédoniques, sanitaires et éthiques.
Un « guide d’optimisation pour les pratiques alimentaires »
Toujours dans le cadre du projet Agralid, un outil d’aide à la décision a été élaboré : ce « guide d’optimisation pour les pratiques alimentaires » apportera des solutions au consommateur, pour améliorer leurs menus en tenant compte des trois dimensions : environnement, nutrition et coût.
(1) Le projet AGRALID implique une équipe pluridisciplinaire de 9 partenaires (INRA PEGASE, l’INRA URA et la tourbe, l’INRA SAS, LARESS-ESA, LESMA-Audencia, Bleu Blanc Cœur, Valorex, Terrena, et Développement CERNh). Il est cofinancé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) à hauteur de 726 000 €.
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